Les risques psychosociaux liés au chômage

Table des matières

Introduction

Définition du chômage

Le chômage représente la situation de toute personne de plus de 15 ans sans emploi, disponible rapidement et à la recherche d’un travail au sens du BIT.

Le taux de chômage correspond à la situation d’une personne à la recherche d’un emploi et inscrite dans le registre selon Pôle Emploi.

Dans ce livrable, on s’intéressera aussi aux influences des différents types de chômage.

Définition des risques psychosociaux dans le contexte du chômage (RPS)

Les RPS sont des risques pour notre santé mentale, physique ou sociale d’une personne causés par un contexte d’emploi, social et émotionnel défavorable. Les risques psychosociaux se trouvent à la jonction de l’individu et de sa situation sociale. Les RPS dépendent aussi de l’historique psychologique d’une personne : la personne est-elle plus fragile ou non, son endurance face aux problèmes.

Plusieurs types de risques sont à distinguer :

  • le stress provenant du sentiment de ne pas atteindre les exigences ou les attentes demandées de son environnement ;
  • les violences internes telles que la perception de soi-même, ses ressentis, son identité et valeurs ;
  • les violences externes, exercées par la société comme les stéréotypes, une stigmatisation ou la pression sociale. 
  • les facteurs externes : Politique (politiques publiques sur la santé par exemple), Économique (période de récession ou crise : les entreprises recrutent moins), Social (moins d’aides pour les chômeurs, peu de structures)

Ces risques peuvent devenir un danger si l’on n’y prête pas attention et atteindre notre bien être psychologique.

Définition du bien être psychologique

Le bien être psychologique est composé pour un individu d’un équilibre entre  l’autonomie, la maîtrise de l’environnement, la croissance personnelle, les relations positives avec les autres, les buts dans la vie et l’acceptation de soi selon Carol Ryff¹.

On évoque souvent les risques psychosociaux pour exprimer l’impact des conditions de travail sur la santé. En comparaison, les relations entre le chômage et la santé n’ont pas suscité beaucoup d’intérêt que ce soit en termes d’études et analyses. Situation paradoxale puisque le chômage est au cœur des sujets de préoccupations de Français (IFOP 2020) et que le travail garde une place centrale notamment pour son objectif d’intégration sociale. La santé des chômeurs et les RPS liés au chômage ainsi un sujet réel et conséquent dans le domaine du travail mais sous estimé qui relève un lourd problème de société : on ne s’intéresse plus aux personnes dès lors qu’ils n’ont plus de travail.

La santé des chômeurs sous pression

Les facteurs variables de la relation santé-chômage

Liens de causalité chômage, santé et facteur externe

C’est une hypothèse difficile à observer et non quantifiable étant donné que c’est le résultat de facteur inobservé, comme l’estime de soi, qui se confondent avec les conséquences du chômage sur la santé. L’individu se trouvera alors dans un cercle santé-chômage qui sera un frein pour sa situation d’emploi selon Martine Roques. 

Le maintien dans l’emploi est moins fréquent dans la population déclarant des troubles mentaux. Pour les hommes, à caractéristiques sociodémographiques et d’emploi similaires, souffrir d’un trouble anxieux généralisé en 2006 diminue les chances de garder son travail en 2010.

Santé
Chômage

86% des femmes, 82% des hommes porteurs de ces troubles ont conservé une activité professionnelle en 2010, contre respectivement 92 % et 93 % des personnes n’en déclarant pas. (DRESS)

11/14 individus ayant des troubles somatiques et psychiques ont décidé de quitter leur emploi, 3 ont été licenciés pour raison économique (Dominique Lhuilier)

Le chômage a un impact sur la santé

Les effets du chômage sur la santé viennent du fait que les individus ont moins de ressources et vivent dans des conditions de vie difficiles. C’est dans ce cas que le chômage est considéré comme générateur de stress et conséquences négatives.

Plus cette situation dure, plus elle génère des troubles qui affecte la santé mentale et à terme la santé physique. Le chômage influence la santé par le biais de variables comme les comportements à risques pour la santé (consommation d’alcool et tabac). A relativiser toujours en fonction de l’historique de l’individu mais ces comportements augmentent avec le chômage.

Chômage
Santé

13,8% des individus au chômage consomment des substances psychotrope à titre médicales ou non contre 22% à plus d’un an².

«L’individu va développer une détresse psychologique qui va l’handicaper dans de nombreux aspects de sa vie.»
(Herman, 2007)​

Les problèmes de santé sont le résultat d’un environnement social, économique et/ou mode de vie.

Les facteurs externes (politique, économique, social, santé…) influencent la santé mais aussi le chômage. Ces facteurs complètent le cercle vicieux santé-chômage.

Par exemple, la crise économique et financière de 2008 a eu des conséquences sociales néfastes qui se caractérisent par une augmentation du taux de suicide.

Le santé de l’individu en tant que chômeur

Les effets du chômage et donc les RPS ne sont pas homogènes. Les différentes variables présentées sont des caractéristiques de l’individu qui vont évoluer avec la société (selon les évènements de la société) et à prendre en tant qu’ensemble pour mieux comprendre l’individu face au chômage.

Le genre

Les chômeurs ont moins d’énergie, une détresse, une tension et fatigue plus élevés que les chômeuses (Muller, Hicks et Winocur, 1993).

Les hommes (2.2) sont susceptibles d’être un plus gros consommateur que les femmes (1.2) CESE source.

Il semble avoir une influence puisque la mortalité, toutes causes confondues est plus forte chez les chômeurs que chez les chômeuses (Roelfs et al., 2011). 

Plus le nombre de période de chômage vécu augmente, plus le pourcentage de personnes estimant un état de santé insatisfaisant devient important surtout chez les hommes plus que chez les femmes

L’âge

18.3% du taux de chômage des jeunes, soit le double de la population active en âge de travailler. 13.7% des jeunes ne sont ni en emplois, ni en formation. Parmi eux, 54% sont au chômage et 46% sont inactifs. (CESE)

Il semble être une autre variable puisque l’augmentation de mortalité toutes causes confondues est plus importante chez les chômeurs jeunes ou d’âge moyen que chez ceux d’âge plus avancé même si les raisons de ces différences ne sont pas claires. 

Malgré la disparité liée aux situations d’emploi, 9/10 se disent être en bonne santé selon la Drees 2019.  

De plus, 30% des actifs sont en CDD ce qui les confrontent à une situation d’insécurité et augmentent une «intériorisation de l’incertitude» (ce que les jeunes vivent en tant que chômeurs et actifs) selon François Sarfati.

Le filet social et l’accès aux soins

31% des femmes et 29.8% des hommes à la recherche d’un emploi déclarent avoir renoncé aux soins (SNC)

L’absence de couverture supplémentaire est 2 fois plus important chez les chômeurs que chez les actifs (CESE)

La précarité selon la CESE la définit comme l’absence d’une ou plusieurs sécurités notamment celle de l’emploi permettant d’assumer leur obligation professionnelle, familiale et sociale et de jouir de leurs droits fondamentaux.

Difficulté d’accès aux soins à cause du manque de revenus mais aussi un refus de la part des chômeurs. Les chômeurs sont catégorisés dans une situation précaire et donc discriminante.

Le chômage est reconnu comme étant le facteur le plus puissant de la précarité et donc d’une insécurité. Cela amène les chômeurs à oublier leurs droit fondamentaux tels que l’accès aux soins. CESE

Si le non-recours aux soins est fortement associé aux variables socio-économiques des personnes au chômage, les ressorts peuvent être aussi psychologiques : moindre priorisation des problèmes de santé dans une situation sociale instable ; négligence de l’écoute de son corps dans un contexte de restriction des besoins. SNC

L'environnement familial

Il peut influencer la détérioration de l’état de santé ou l’améliorer en modulant la perte de revenu liée au chômage, en accentuant le mal être à travers  les éventuels problèmes familiaux tels que le divorce.

«Merci à mes enfants parce qu’ils me donnent beaucoup d’énergie dans mes moments sombres.»
Activ’acteur anonyme

Le mode de vie de l’individu

L’historique avant sa perte d’emploi (tabagisme, sédentarité, alimentation déséquilibrée) qui accentuera ces symptômes. 

Par exemple, lorsque la consommation d’alcool est une habitude ancienne, elle risque d’être ravivée par la situation de chômage. Cette consommation est aujourd’hui totalement banalisée puisque cela représentent alors le dernier lieu de socialisation. Ces lieux permettent de garder le lien avec d’autres personnes.

«La tentation de consommer de l’alcool en rentrant le soir pour «s’encourager» était forte. J’ai stoppé net en évitant tout achat.»
Issu de la SNC, Rapport sur l’emploi et le chômage et ses impacts, 2018

La typologie du chômage

Il est intéressant de présenter les différentes typologies du chômage pour comprendre les enjeux auxquels chaque chômeurs seront confrontés et comprendre les potentiels RPS. 

Les différents type de chômage et conséquences

Le chômage structurel qui est dû à un déséquilibre profond et durable du marché du travail (entre l’offre et la demande), issu des changements démographiques et/ou de la production. Il peut avoir pour origine des déséquilibres régionaux, une inadaptation des qualifications, le déclin d’activités traditionnelles ou un cadre institutionnel inefficace.

Le chômage frictionnel est la période pendant laquelle un chômeur est en transition entre 2 emplois, pour des raisons diverses, sur une courte durée. Il est dû à des licenciements, une démission, l’imperfection du marché du travail, aux politiques économiques et au comportement du chômeur.

Le chômage conjoncturel est dû à un ralentissement temporaire de l’activité économique à cause des variations de l’économie telle que la baisse de production. L’ajustement du niveau de la production provoque une diminution de la demande de main-d’œuvre, une augmentation des licenciements et par voie de conséquence à une hausse du chômage conjoncturel.

Le chômage saisonnier est une période sans emploi liée à l’exercice d’une activité professionnelle dans un secteur d’activité saisonnier ou dans un secteur dont le niveau d’activité varie sensiblement au cours de l’année.

Nous sommes dans une société où le marché du travail instaure une précarité de longue durée selon la SNC, Rapport sur l’emploi et le chômage et ses impacts, 2018.

La durée du chômage influe sur la santé et l’augmentation des risques (CESE)

La durée de chômage aggrave le risque de présenter des symptômes dépressifs ; il concerne 18 % des hommes et 24 % des femmes si la durée est inférieure à 6 mois et 36 % pour les hommes contre 28 % pour les femmes si elle atteint au moins 12 mois consécutifs. (CESE)

Au moyen terme
La durée moyenne du chômage (autour de 18 mois) nous permet de déduire qu'un grand nombre de chômeurs pourront s'inscrire durablement dans cet état sans véritablement en sortir. Le métier exercé, la formation continue ou la capacité de reconversion peuvent faciliter la sortie du chômage.
Au moyen terme
Le chômage de longue durée dépend lui de deux facteurs principaux dont l’âge du chômeur et la vitalité du bassin d'emploi. Par exemple, un chômeur de 55 ans aura beaucoup plus de mal à retrouver un emploi, ses chances ne dépassent pas les 15%.
«Au chômage de longue durée, je connais régulièrement des problèmes de sommeil et de stress qui s’accompagnent de maux de dos, de problèmes de digestion, d’angoisse et de palpitations. Si, face au problème, certains médecins sont compréhensifs, tous ne jouent pas le jeu. Une professionnelle m’a incitée à suivre des séances de sophrologie et à prendre des médicaments non remboursés. Tout cela à un coût… inaccessible lorsque l’on perçoit le chômage.»
Mélanie, 47 ans, en recherche d’emploi.³

Le chômage est aussi vécu de différente manière en fonction de l’acceptation du statut en tant que chômeur.

Dominique Schnapper évoque deux attitudes concernant le chômage avec le «chômage différé» et le «chômage inversé».⁴

D’une épreuve au traumatisme

Le traumatisme

Le choc

On évoque peu l’élément déclenchant l’effet du chômage sur la santé à savoir la perte de l’emploi ou face à un entretien non concluant. Ce moment peut être considéré comme générateur de troubles sur le plan psychologique voir la santé globale en provoquant un événement traumatique. 

2 sentiments principaux lors de ce choc :

  • sentiment d’anéantissement personnel
  • sentiment d’humiliation, voire de déshumanisation
«De toute façon, je suis nul. Depuis tout petit je suis nul, je ne trouverai jamais d’emploi.»
Robert, chercheur d’emploi

Les premiers symptômes

Par la suite, les symptômes de l’état de stress post-traumatique peuvent surgirent avec des manifestations anxieuses : perte d’appétit, troubles émotifs, irritabilité… suivi par des sentiments de honte et de culpabilité qui se transformera en  « perte d’estime de soi » caractéristique des premiers symptômes de l’état dépressif⁵.

Pour échapper à ce traumatisme et ce climat d’échec, le chômeur va se tourner vers la consommation de substances telles que l’alcool et le tabagisme mais aussi les médicaments prescrits pour faciliter le sommeil, stabiliser les humeurs, diminuer les angoisses, et que l’intéressé finit par transformer en véritable drogue. Le chômeur-consommateur⁶ peut être pris dans une spirale dégradant globalement son état de santé.

«Découragée, seule et anxieuse, cette longue période sans travail n’a fait que renforcer mon manque de confiance en moi, ma culpabilité et ma déprime et m’a fait replonger comme jamais dans mes troubles alimentaires.»
Issu de la SNC, SNC, Rapport sur l’emploi et le chômage et ses impacts, 2018.

Nouvelle identité

Perdre son emploi, c’est perdre son identité sociale voire sa valeur sociale⁷. 

La réalité psychosociale du chômeur sera ainsi d’avoir perdu un point d’ancrage (la situation d’emploi dans laquelle il se trouvait, son réseau familial, amical…), mais sans possibilité d’en atteindre une autre.

Un sentiment de vide s’installe, l’incapacité à trouver un nouveau cap, à construire de nouvelles rencontres, à vivre de nouveaux désirs explique la perte d’élan avec le risque qu’apparaisse une véritable dépression ou d’autres pathologies.

Les français sont très attachés au travail et à l’image qui lui apporte dans la société. La personne au chômage se perçoit négativement et comme privée d’un lien social essentiel. Sa culpabilité face à cette situation vont l’entraîner dans une désocialisation et perte de confiance.

Une vulnérabilité sociale

Place dans la société

La stigmatisation autour du chômeur a 3 conséquences⁸

  • un obstacle aux performances intellectuelles, 
  • un frein dans la recherche d’emploi,
  • une remise en cause de sa place en société

La reconnaissance sociale passe forcément par une reconnaissance professionnelle. 

Conséquence : les chômeurs vont développer des sentiments négatifs et assimiler ces stéréotypes.⁹

Beaucoup de chômeurs sont confrontés de manière récurrente à des situations de rejet ou discrimination de la part de personnes telles que les proches, les membres d’administration et avec qui ils sont en interaction fréquente. 

Leur image ne reflète pas le ressenti des demandeurs d’emploi¹⁰.

45% des demandeurs d’emplois sont questionnés avec insistance sur leur recherche d’emploi,

72% des actifs en recherche ou en emploi considèrent que “ les employeurs ont un a priori négatif sur les chômeurs de plus d’un an “,

72% considèrent même “qu’une période de chômage de plus de 9 mois est un handicap pour retrouver du travail¹¹ “.

Termes associés aux chômeurs¹²

profiteurs, assistés, pauvres, victimes, paresseux, manque de motivation et de compétence, déprimés, méprisés et stigmatisés, incapables¹³ 

87% des demandeurs d’emplois se sentent dynamiques, persévérants et courageux (Baromètre Unédic).

Le chômage impacte toute la structure familiale (adulte et enfant)

Famille en couple (FC)

Risque :  Rupture familiale d’autant plus que c’est dans sa famille qu’il,elle va puiser le soutien affectif et social qui lui permettra de rebondir.

C’est d’autant plus vrai si le ou la conjoint(e) a gardé son emploi car cette personne va maintenir la vie relationnelle et sociale, mais aussi le niveau de vie du couple, au prix d’un déséquilibre dans le rôle de chacun.

2,4 millions de ménage comptent au moins un membre au chômage selon l’ONPES, 2014

Conséquence : 

  • Dévalorisation du chômeur suite au déséquilibre familial
  • Risque de séparation suite aux différents problèmes
  • Risque de désocialisation (Isabelle Marie, Fin des droits)
«Beaucoup de [leurs] amis [avaient] cessé de donner de leurs nouvelles lorsqu'ils ont appris le licenciement de [son] mari.»
Issu du Traumatisme du chômage de Michel Debout

Les familles monoparentales (FM)

Les familles les plus exposées en conséquence des divorces et séparation

1/5 des familles en France, 85% elles dirigées par des femmes contre 15% par des hommes. 

Le taux de chômage de ces familles est 2 fois plus élevé en comparaison avec les FC (15 % pour les FM et 7% pour les FC). 

Conséquence: 

  • premières familles exposées à l’insécurité de l’emploi, la précarité et rps qu’elle implique

1/4 des chômeur.euse.s les plus modestes vivent dans une famille monoparentale selon la CESE, 2016.

Les enfants 

Risque : Ils subissent la dégradation de l’état de leurs parents et peuvent être partagés entre divers sentiments (compassion ou incompréhension). 

79% des enfants mineurs dont le parent est au chômage sont pauvres selon l’Insee 2017-2018.

Conséquences : 

  • Difficultés financières et matérielles
  • Remise en cause identitaire de l’enfant

Impact direct sur le développement et conditions de vie à l’âge adulte.

Un catalyseur de nombreuses pathologies

Les travaux de recherche menés sur plusieurs décennies mettent en évidence le lien existant entre les risques psychosociaux, chômage et les conséquences négatives sur la santé, telles que les problèmes de santé mentale (dépression), les maladies cardiovasculaires, les troubles musculosquelettiques et également, plus récemment, le diabète.

Le chômage dégrade la santé selon la cohorte CONSTANCES

La santé générale d’une personne est dégradée.

Le risque de déclarer un mauvais état de santé perçu est 2,32 fois supérieur pour un homme et de 1,71 fois supérieur pour une femme. 

Dégâts majeurs sur la santé

  • L’alimentation est déséquilibrée, 1,43 fois plus qu’en population générale si c’est un homme et 1,42 fois si c’est une femme; 
  • Un taux d’addiction plus élevé : une dépendance à l’alcool 2,22 fois plus si c’est un homme et 1,5 fois si c’est une femme;
  • Accentuation des maladies cardiovasculaires

Le chômage accroît les troubles dépressifs et risque suicidaire (Etude DARES)

La DARES  met en évidence le lien entre le chômage et l’apparition, ou la révélation, de troubles dépressifs. 

24% des hommes signalent au moins un symptôme d’état dépressif ou d’anxiété et 26% pour les femmes.

33% des personnes en demande d’aide auprès d’association ont envisagé sérieusement de se suicider.

Conséquences du chômage :

  • Stress et insécurité
  • Révélation de fragilité latentes 
  • Troubles dépressifs 

En France, une augmentation moyenne de 1,5% du taux de suicide est observée pour une augmentation de 10% du taux de chômage.

L’étude ne permet pas de déterminer si les personnes au chômage se suicident davantage que les personnes en activité. Elle permet néanmoins de mettre en évidence que lorsque le taux de chômage augmente dans la population, le taux de suicide augmente lui aussi, même si cette augmentation est de faible amplitude.

«Quand je suis arrivée j’étais pas très bien car je n’arrivais pas à trouver du travail. J’étais découragée. Après l’atelier, je me suis sentie mieux car j’ai rencontré d’autres personnes qui m’ont aidée et avec qui j’ai gardé contact par la suite. Elles m’ont aidée à relativiser beaucoup de choses. Avant je prenais peu soin de moi et j’ai pris conscience qu’il est important de prendre soin de soi et de sa santé.»
Activ’actrice anonyme

Le chômage, un problème de société

L’impact de la santé des chômeurs sur la société

Le coût vécu et perçu des risques psychosociaux

Pour la société

Il est difficile de quantifier le coût de la dégradation de la santé des chômeurs néanmoins dans le cadre du travail le RPS coûtent environ 2 milliards par en France en 2014. 

En France, les coûts directs du chômage représentent 6 % du PIB, soit près de 120 milliards €. Ces coûts directs ne prennent pas en compte les coûts indirects liés aux conséquences sociales du chômage et des RPS. 

L’augmentation des maladies et pathologies liées au chômage, au stress et à la peur de perdre son emploi provoque une explosion des dépenses de santé qui creuse le déficit des caisses d’Assurance maladie pour la prise en charge médicale ou la réinsertion future.

(CESE, mai 2013, La prévention des risques psychosociaux, Sylvie Brunet).

Pour le chômeur

“Il est plus difficile de se nourrir correctement en période de chômage. On se tourne vers des enseignes à bas coût. Le coût des aliments est ma priorité et non plus la qualité de mon alimentation “, témoignent des demandeurs d’emploi. 

« J’ai renoncé à consulter un spécialiste. Je n’avais pas les moyens d’avancer la consultation. »

Le coût des RPS est trop élevé pour les chômeurs. Ils doivent donc faire des choix entre leur santé ou le coût. Les conséquences sont un renoncement aux soins, activités ou une mauvaise alimentation.

Par exemple, le faible coût des produits est privilégié par rapport à leurs qualités nutritionnelles

Une stigmatisation à l’extrême

La stigmatisation des chômeurs ou demandeurs d’emplois peuvent se transformer en stigmatisation au extrème. Il est intéressant de voir les intentions de vote basées sur l’étude de l’IFOP, 2018, Les Français et le chômage.

En fonction de la crainte de connaître une période de chômage dans les mois à venir  

En Septembre 2018 sur la totalité des personnes interrogées, 30% pensent être exposés à une période de chômage contre 70% qui ne le sont pas.

Les personnes qui craignent le chômage votent plus pour les partis extrémistes notamment d’extrême droite (35%) et d’extrême gauche (35%) dans les personnes exposées.

Les personnes n’ayant pas peur de subir une période de chômage votent vers les partis centraux tels que le PS (70%), la REM (71%) et LR (84%).

Parmi ces réponses, les personnes qui se sentent le plus exposés sont les femmes à 32%, les moins de 35 ans (35%)

A contrario, les personnes les moins exposées sont les hommes (72%) âgés de 35 ans et plus.

En fonction de l’indemnisation des chômeurs en France :

Les personnes pensantes qu’il faut baisser le monter des allocations versées au chômage pour inciter les chômeurs à travailler est de 48%.

Parmi eux, leur plus grande proximité politique est la REM (69%) et LR (67%)

A l’inverse, les personnes qui ne souhaitent pas baisser le montant de l’allocation est de 52% soit la majorité des interrogés. 

Leur proximité politique est celle de la France insoumise (73%) et le Parti socialiste (76%) en majorité.

Les partis politiques capitalisent sur le chômage en faisant des promesses qu’ils auront du travail sans le garantir à 100%.

On voit que les chômeurs ont tendance à se diriger vers les partis extrémistes qui tiennent un discours plus tranché par rapport à ce point dans lequel ils peuvent se reconnaître. Cela nous permet de voir une idée de la place du chômeur et la crainte de vivre une période dans la politique.

Une injustice reprochée à la société

Injustice liée au travail et sa perte

L’évaluation des individus sur de simples critères quantitatifs crée une déconnection entre la performance évaluée et ce que l’individu considère comme sa performance réelle (Dejours, 2003). 

Détérioration de  l’image de l’individu par rapport à la reconnaissance et notamment ne lui permet pas de justifier ses performances (Parasuraman & Alutto, 1981). 

Ces évaluations de travail peut devenir une source de détresse psychique donc source de stress et pression (Bezes., 2011; Chandler, 2002).

Le licenciement et le début de la période de chômage sans avoir pu se défendre (la majorité des cas) développe le sentiment d’injustice.

Les plans sociaux marquent les chômeurs

Ils sont à la fois la source de leurs licenciements dans les entreprises qui vont faire ressortir des sentiments de colère ou d’humiliation (Michel Debout).

Le plan social devient une atteinte à ses droits et à la dignité de tous. Le chômeur se retrouve face à une situation qui lui est imposée et qui lui paraît inadaptée, injuste et insupportable.

L’injustice sociale

Les assurances chômage sont présentes pour aider les chômeurs contre la précarité et le chômage pour un retour à l’emploi et travail. 

Cependant, les différentes réformes par exemple celle de l’été dernier peuvent renforcer ce sentiment d’injustice sociale comme pour ce cas, une baisse des droits drastiques pour de nombreux demandeurs d’emplois. 

Le problème était l’augmentation de la part du financement du régime d’assurance chômage à Pole Emploi qui allait passer de 10 à 11% des ressources de l’Unédic.

Avec cette mesure, ce sont les demandeurs d’emplois et surtout les plus précaires qui allaient payer leur accompagnement. (Pour assurer le désendettement de l’unédic) Source CFDT 2019.

Le sentiment d’injustice des chômeurs vient donc d’un sentiment d’impuissance et non reconnaissance face à leur situation, que ce soit pour leurs droits ou leurs identités (stigmatisation).

Nouveau regard sur le chômage et repenser l’emploi

La reconnaissance du mal être par la société

Le regard porté par la société sur les personnes au chômage peut amplifier leur malaise. 

Un engagement actif de la société est dès lors indispensable pour modifier ce regard et pour faire prendre conscience à l’ensemble de la société de la gravité des effets des jugements et comportements dévalorisants. 

(L’impact du chômage sur les personnes et leur entourage : mieux prévenir et accompagner, CESE, mai 2016)

Suite aux divers évènements et notamment la Covid19, une reconnaissance s’opère.

93% des interrogés pensent que tout le monde peut connaître une période de chômage au cours de sa carrière.

(Baromètre Unédic : quel regard les Français portent-ils sur le chômage et les chômeurs ? Sept.2020)

Une bienveillance est nécessaire pour permettre aux personnes de surmonter cette épreuve et, lorsque c’est possible, de retrouver un emploi.

Faire évoluer le regard de la société sur les chômeur en mettant l’accent sur la précarité sociale, qui accompagne les situations de chômage pour faire connaître à tous les risques et dangers liés à celui-ci.

Prévention contre la stigmatisation et santé

Une identification

Elle s’accompagne de nombreux effets positifs pour le bien-être psychologique des individus car il permet d’assouvir le besoin d’appartenance

En s’identifiant davantage à leur groupe, les membres de groupes stigmatisés se protégeraient des effets destructeurs de la discrimination et maintiendraient un bien-être psychologique suffisant.  

Les individus disposent d’un large éventail de stratégies (Tajfel et Turner, 1979) :

  • Changer de groupe stéréotypé pour un meilleur en mettant en plac edes stratégies de recherches d’emplois
  • Une mobilisation collective du groupe (grèves ou protestations sociales)

Prévenir la santé des chômeurs

La médecine du travail existe mais paradoxalement, elle s’arrête au moment même où le travailleur perd son emploi. 

Il faudrait donc constituer une médecine préventive des chômeurs afin d’évaluer pour chacun d’entre eux l’état de santé au moment de la perte de l’emploi et l’importance du choc traumatique subi.

Le suivi doit pouvoir se faire dans la durée en fonction des troubles présents ou non chez la personne sur 2 ans après la perte de l’emploi.

Accorder des accompagnements psychologique dans les organismes fréquentés par les chômeurs (Pôle Emploi, mutuelle) et éviter l’isolement.

Mobiliser tous les acteurs de la santé pour rendre le sujet et les informations sur leur santé et risque accessibles et compréhensible à tous. Les informer de leurs droits.

(L’impact du chômage sur les personnes et leur entourage : mieux prévenir et accompagner, CESE, Mai 2016)

Pistes d’actions d’accompagnements

Instaurer une sécurité face à l’emploi 

Les principaux freins à l’emploi selon les chômeurs :

37% le besoin de formation car le diplôme est insuffisant

67% le manque d’offre dans le secteur d’activité ou géographiquement

Préconisations : 

  • Favoriser le recrutement des personnes aux chômage
  • Améliorer l’accès à la formation
  • Créer des lieux de rencontre et de dialogue entre chercheurs d’emploi et recruteurs

Des attentes des chercheurs d’emplois vis à vis des recruteurs 

Les refus à répétitions lors d’entretiens d’embauche est une des sources de démotivation du chômeur. Il est intéressant de voir les attentes des chômeurs vis à vis de ces situations.

Une meilleure considération du recruteur et des institutions vis-à-vis de la démarche même des chercheurs d’emploi.

(Baromètre, Le chômage et ses impacts, SNC, Opinion Way, 2017)

61% des chercheurs d’emploi souhaiteraient une réponse systématique à leurs courriers de candidature;

60% d’entre eux souhaiteraient connaître les raisons de leur non sélection à l’embauche.

La capacité des recruteurs à mieux définir leurs critères de sélection. 

Plus de dialogue entre les chercheurs d’emploi et les recruteurs.

28% attendent une meilleure capacité des recruteurs à définir leurs critères de sélection pour les postes à pourvoir.

28% souhaiteraient pouvoir échanger par téléphone, même en cas de réponse négative.

Sources

¹ Ryff, C. D., & Keyes, C. L. M. (1995). The structure of psychological well-being revisited. Journal of Personality and Social Psychology, 69, 719–727

² Chômage et santé mentale en France Sylvie Blasco et Thibault Brodaty; INSEE, Baromètre Santé 2005
Le travail des chômeurs : entre activité, création et normativité, Dominique Lhuilier)

³ Issu de la SNC, Rapport sur l’emploi et le chômage et ses impacts, 2018.

⁴ Isabelle Raynaud, « La problématique de l’identité appliquée à la catégorie des chômeurs »
Pour aller plus loin, Schnapper Dominique, L'épreuve du chômage, 1984

⁵ Michel Debout, Le traumatisme du chômage, 2005

⁶ Trinquecoste Jean-François, Un cadre d'analyse du comportement du consommateur-chômeur, 1987

⁷ Michel Debout, Le traumatisme du chômage, 2015

⁸ La stigmatisation des personnes sans emploi : conséquences psychologiques et stratégies de défenses sur soi, Bourguignon & Herman

⁹ Herman G. et van Ypersele D., 1998, « L’identité sociale des chômeurs »

¹⁰ Baromètre Unédic : quel regard les Français portent-ils sur le chômage et les chômeurs ? 2020

¹¹ Chiffres issus de la Comisis-OpinionWay - Baromètre SNC - Le chômage et ses impacts - vague 2

¹² Comment sont perçues les personnes au chômage au sein de la société française ? Étude de la composition du stéréotype. Gauthier Camus, Sophie Berjot

¹³ Attitudes towards the unemployed, Furåker & Blomsterberg, 2003

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